Tout a commencé dans la petite ville marocaine de Beni
Ansar voisine de Melilla, une enclave espagnole de 12,3 km2 revendiquée
par le Maroc et qui est entourée d’une barrière métallique de 6 m de haut pour décourager
tout aspirant immigré.
Le jeune en question, dont on connait peu de choses
manifestement, a vidé le rembourrement du siège avant (notre place escroc en
fait) d’une voiture pour y prendre place, avant d’être recouvert de chiffons et
différentes sortes de paquets. Ce qui n’a pas déjoué la vigilance des agents de
contrôle au poste frontalier qui ont débusqué le jeune homme dont la tête était
enfoui dans l’oreiller du siège. Lui et ses deux complices marocains ont été
mis aux arrêts.
Les Guinéens sont devenus imbattables dans le montage
de plans ultra sophistiqués pour quitter notre scandaleux Château d’eau pour « l’extérieur »,
comme on dit ici. Notamment l’Occident (USA, Europe, Canada) et, de plus en
plus, l’Angola.
Le mardi 28 août 2012 à 20 heures, un autre jeune
homme de 20 ans, Fodé Soumah, a voulu imiter Yaguine et son homonyme Fodé.
Il a été repéré in extremis à l’aéroport de Gbessia sur le train d’atterrissage
d’un vol d’Air France sur lequel il avait réussi à se hisser en longeant un
égout de 800 mètres pour rejoindre le tarmac de l’aéroport. Interrogé, Fodé
Soumah avait dit vouloir continuer ses études de médecine en France. Ne
cherchez pas, cette info aussi était passée inaperçue, notre vaillante presse
étant occupée à se repaitre des restes nauséabonds de la politique
politicienne.
Il y a 13 ans, le 2 août 1999, les corps de Yaguine
Koïta et de Fodé Tounkara furent découverts à l’aéroport de
Bruxelles dans le train d’atterrissage du vol 520 Sabena Airlines en provenance
de Conakry. Les jeunes élèves avaient emporté dans des sacs plastiques leurs
actes de naissance, des photos et une lettre truffée de fautes de français dans laquelle ils
imploraient la « solidarité et la gentillesse des responsables
d’Europe », pour venir « au secours en Afrique ». Cette
lettre, largement médiatisée, avait suscité un vif émoi.
Par la suite, un film (un matin bon
heure), plusieurs Cercles Yaguine et Fodé, une Fondation en
leur nom et des chansons dédicacées
étaient nés. Puis, plus rien. Silence radio. Sauf celui très éloquent de la
misère qui enserre les jeunes guinéens dont la plupart sont devenus politiquement
serviables et corvéables à volonté, faute de mieux. Le système éducatif auquel
ils sont soumis reste poussif, le chômage et la précarité dictent leurs lois.
L’issue reste l’espoir que « ça va changer un jour ». En attendant, on noie les
soucis dans le championnat de foot européen, les jeux de hasard (Guinée
Games et Kanda en tête) ou, plus dramatique, on se jette dans l’aventure à
corps perdu. En tentant parfois de rééditer les tragiques exploits.
Ces dix dernières années, c’est le scintillement des
diamants angolais et les dollars issus de la vente des matériels
électroménagers dans ce pays pétrolier de 18 millions d’habitants, vaste comme
cinq fois la Guinée, qui attirent les immigrés guinéens. Ceux-ci n’hésitent pas
à se taper une odyssée de deux ans dépensant jusqu’à 7.000 dollars US, parfois
pour être immédiatement charterisés sur Conakry après un séjour « diététique »
à la prison de haute sécurité de Tirinta près de Luanda.
Pourtant, ça va changer nous sérine-t-on
depuis de longues années. Pourtant, chaque matin, entre 7H et 8h du matin, en
écoutant l’émission La Grogne (Soleil FM), devenue baromètre des
convulsions sociales du pays, je me dis que le changement n’est pas pour
demain. Du moins dans les mentalités. Espérons que le machin PPTE me démentira.
Par Alimou Sow blogueur
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