La grande interview



Timbi-Madina
Rencontre avec le proviseur du lycée Mam Malick Diallo

La Plume plus : Faites-nous la présentation de votre école. 
Moctar  Wade : Notre école a été créée en 1999 par M. Diallo Moussa Para (président de la fédération des paysans du Fouta Djallon). Elle compte environ 250 élèves et est située dans la sous-préfecture de Timbi Madina (Pita). La  plupart des enseignants de l’étblisssement sont des sénégalais. Le taux d’admis aux examens nationaux passés a été formidable. Au Bac sur 16 candidats nous avons eu 14 admis dans la série Sciences Sociales. Au BEPC sur 36 candidats, 30 admis. Pour  l’entrée en 7eme, 30 admis sur 31 candidats.
La Plume Plus : quel constat faites-vous sur le terrain depuis la rentrée des classes ?
Depuis la rentrée, les élèves ne répondent à l’appel. Ils s’inscrivent mais ne viennent pas surtout au niveau du lycée.
En tant que sénégalais, qu’est qui vous a motivé à enseigner en Guinée ?
C’est une longue histoire !  Je suis venu en août 2007 et j’ai été appelé par un frère sénégalais qui gérait une école privée en Guinée. Nous avons fait deux ans ensembles mais il n’y a pas eu de compréhension. Finalement je suis rentrée au Sénégal. Je n’avais pas compris que la population de Timbi m’appréciait. Quelques jours après, j’ai reçu le coup de fil du fondateur de cette école et il m’a dit que les parents d’élèves souhaitaient que je revienne encadrer leurs enfants. Donc mes motivations sont d’ordre sentimentale, parce que quant les parents vous disent nous souhaitons que vous encadrez nos enfants c’est très important et tres fort.
Que pensez-vous de la méthode d’évaluation mensuelle, a-t-elle été efficace ?
Comme tous les systèmes, nous avons tenté et expérimenté. Cette méthode a des avantages tout comme des inconvénients. Le premier atout c’est que nous sommes obligés de courir derrière les professeurs pour avoir les notes des élèves. Le second, je ne sais pas si ça se vérifie, on suppose que les élèves sachant qu’ils sont évalués et surveillés, ils sont alors condamnés à bien apprendre.
Mais tout n’est pas rose. Tout le temps, les enseignants corrigent des copies, ils n’ont pas assez de temps pour la préparation des cours. Néanmoins,  nous, nous avions déjà devancé le ministère parce que nous faisons des évaluations mensuelles au primaire. Quant ils ont décidé de faire la reforme, nous étions déjà dedans.
Le fait que le ministère instaure ce système nous réconforte vraiment et cette méthode a été efficace pour nos élèves. Elle nous donne de bons résultats.
Je dois avouer cependant que je ne suis pas d’accord avec la suppression des compositions et je le dirais partout.
A votre avis, pourquoi les élèves guinéens ont un bas niveau par rapport à ceux des pays limitrophes ?
Ma conviction est que quant on travail, on réussi. Je répète la parole du ministre de l’enseignement  lors de la publication des résultats des examens nationaux ‘’ ces résultats sont indignent de notre pays, tout le monde est responsables (élèves, parents d’élèves, enseignants…) il est temps que nous nous retrouvions pour résoudre le problème». C’est comme ça qu’il l’a dit.
Votre message de la fin.
J’apprécie bien votre journal et je vous encourage.
Entretien réalisé par Oumou Salamata Bah 12ème SS Alpha Abdoulaye Barry de Pita
 

Interview


Etienne Fodé Kéita, Directeur du service national de l’enseignement privé au pré-universitaire.

‘’ Un bon nombre d’écoles privées ne répond pas aux normes.
Dans cet entretien, M. Kéita évoque les problèmes que constituent les écoles privées clandestines. Lisez !
La plume plus : A quand remonte votre arrivée à la tète de ce service ?
Fodé Etienne Kéita: je suis à la tète de la Direction Nationale de l’enseignement Pré-universitaire privée depuis un an.
Comment avez-vous trouvez ce service à votre arrivée? Dans quel état était- il ?
J’ai trouvé un secteur à problème. L’enseignement privé a beaucoup de problèmes avec la prolifération des écoles privées dans notre pays. Il y a la gestion pédagogique et administrative qui fait défaut. Nous avons aussi eu à faire à une direction nationale qui était un peu mal en point et qu’il fallait faire sortir de l’ornière pour en faire une direction active.
Est-ce qu’on peut tirer aujourd’hui un bilan par rapport au travail que vous avez fait pendant cette année ?
Nous avons  eu plusieurs activités sur le terrain. Elles ont consisté à identifier et recenser les écoles privées  mais aussi faire une tournée à l’intérieur du pays pour essayer également de faire savoir quelles sont les innovations et les reformes que nous avons initié pour l’enseignement privé. C’est dans ce cadre que nous avons pu organiser un forum national qui a nous a permis de regrouper l’ensemble des acteurs et partenaires du système éducatif guinéen autour de la problématique de l’enseignement privé.  Cela a été un acquis et nous a permis de valider la lettre de politique de développement de l’enseignement privé en Guinée.
Quelles ont été les décisions prises après ce travail ?
C’est  après ce travail que nous avons décidés de publier la liste des écoles autorisées à fonctionner pour la rentée 2012-2013.  Il fallait passer le message à tous les fondateurs d’écoles privées. Leur faire comprendre que la direction nationale entend jouer son rôle de réglementation. Que les parents d’élèves sachent quel est le statut de l’école où ils inscrivent leurs enfants. Il y a dans le lot des écoles privées qui fonctionnent, un bon nombre d’écoles clandestines qui ne répondent pas aux normes. Donc, il fallait rencontrer les fondateurs d’écoles privées, leur expliquer la nécessité de se conformer à la réglementation en vigueur. Nous avons profité de l’occasion pour sensibiliser les fondateurs sur le coût de la scolarité qui pèse sur les parents d’élèves.
Est –ce que cette liste existe ?
 Oui ! Il ya une liste qui tient compte de toutes les écoles qui ont leur arrêté d’ouverture c'est-à-dire l’agrément. Il y a eu une incompréhension qui a longtemps duré. Des écoles étaient considérées  comme semi agréées parce qu’elles ont franchi la 1ere étape de la procédure d’obtention de l’agrément. Mais ce que nous considérons comme écoles agréées ce sont des écoles qui ont leurs arrêtés d’ouverture.  Aujourd’hui nous avons mille 311 écoles agréées en Guinée. Dans la commune de Ratoma on avait 600 écoles. Après vérification nous avons trouvé 340 agréées. C’est la même proportion qu’on retrouvera dans toutes les communes. Elles seront fermées cette année.
Malheureusement nous avons eu à une certaine étape de  l’évolution des écoles privées, des écoles qui ont obtenu leur agrément mais qui ne répondaient pas aux normes. Il y a  des écoles qui ont uniquement leur agrément dans les cartables. C’est pourquoi il faut résoudre le problème pas à pas.  Ce qui pose le plus de problèmes ce sont ces écoles clandestines qu’il faut mettre en marge. C’est d’abord ce qui est impératif. La  seconde étape consistera à revoir les  écoles agréées mais ne disposant pas d’infrastructures digne de nom.
Comment réglementer la scolarité au niveau de ces écoles privées ?
C’est un problème  assez délicat. La scolarité n’est pas la même dans toutes les écoles privées. Cela dépend des charges, de la qualité de l’enseignement et des infrastructures. Il faut reconnaitre que les fondateurs ont apporté beaucoup au système éducatif en s’investissant dans le secteur de l’éducation. Mais reconnaissons aussi que le coût de la scolarité reste élevée face au pouvoir d’achat du  guinéen. C’est pourquoi en tant que structure de tutelle, nous allons  sensibiliser les fondateurs sur les difficultés des parents.
Que pensez-vous des fondateurs qui marchandent des places au niveau des d’examens pour faire connaitre leurs écoles ?
Il y a beaucoup de pratiques douteuses dans les écoles privées.  Les fondateurs mettent en avant les considérations mercantilistes en essayant de vendre leur image pour avoir plus d’élèves. Des  dispositions seront prises pour éradiquer ces pratiques néfastes.
Quelles sont les procédures pour créer une école privée ?
Il y a 2 étapes. La 1ère c’est l’autorisation de création qui donne la possibilité de commencer la construction du bâtiment. La 2ème c’est l’obtention de l’arrêté d’ouverture. L’arrêté d’ouverture doit être signé par le ministre de l’enseignement pré-universitaire  et  un numéro est délivré par le secrétaire général du gouvernement.
Faites-nous l’historique de l’école privée en Guinée.
L’école privée a existé depuis le temps colonial. Avec la 1ère république  elle n’avait pas  sa place. C’est en 1984 avec l’ordonnance 300 que l’école privée a été autorisée. Depuis là elles ont commencé à naitre. Je ne peux pas vous dire exactement quelle a été la 1ère école privée du pays.
Interview réalisée par Siba Toupouvogui   


Interview du ministre de l’enseignement pré-universitaire
Fidèles lecteurs, nous vous livrons cet entretien d’Ibrahima Kourouma, ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’éducation civique, accordé à nos confrères du site Guineenews. Le ministre aborde le déroulement des différents examens, les récentes accusations dont il a fait l’objet autour de l’attribution des marchés publics au niveau de son département  et les critères d’octroi des bourses d’étude à l’étranger aux futurs lauréats du Bac. Lisez ! Posté le 7 juin à 4h36 | mis à jour le 7 juin à 4h36 | affiché 970 fois     « Cette année, quiconque est pris dans une situation d’irrégularité, le paiera très cher...»

!
Quelles sont les dispositions prises par votre département en vue d’assurer une bonne tenue des différents examens ?

Dr. Ibrahima Kourouma :
Merci d’être venu nous voir pour avoir une idée sur l’évolution du travail que nous sommes en train de faire pour les examens de la session 2012. Nous avons conçu tout notre dispositif autour de trois étapes fondamentales. Il y a la période préparatoire, la période des examens et puis la période de proclamation des résultats. En ce qui concerne la période préparatoire, nous avons d’abord cherché cette année à faire en sorte que tous les candidats au niveau des différents examens notamment l’entrée en 7ème, le BEPC, le Baccalauréat, qu’ils aient une identité claire. Identité claire signifie que ces problèmes d’homonymie qui existaient et qui nous obligeaient de rajouter soit le nom de la mère, soit un numéro, que tout cela disparaisse au niveau des examens en Guinée. Le grand danger qui se posait, c’est que ça changeait l’identité de la personne et portait un préjudice à l’état civil de l’enfant qui disparaissait finalement. Vous avez un élève qui fait l’entrée en 7ème avec le nom de Mamadou Camara ; le BEPC avec Mamadou Binta Camara et le baccalauréat avec Mamadou Binta 1 Camara. Cela dénature l’état civil de l’enfant. Il fallait mettre fin à cette situation dans un premier temps pour que chacun puisse garder son état civil tant dans la société qu’au niveau de ces diplômes. Cette année, c’est l’une des nouveautés que nous avons apportées. Pour cela, nous avons fait procéder entre le service examens et les différentes préfectures (DPE), à quatre allers-retours des listes pour que toutes les corrections soient faites afin qu’aucune irrégularité ne soit permise. Nous avons travaillé dans ce sens et vous allez avoir des candidats qui vont porter leurs noms d’état civil. Il n’y aura aucun problème et seuls les PV vont différenciés, premièrement. Deuxièmement, nous avons eu à photographier tous les candidats. Ce qui signifie que sur tous les PV d’appels, vous aurez le nom de l’élève, son PV et sa photo. C’est très facile pour nous d’identifier l’élève et à son tour, il pourra mieux s’identifier. Car, les mêmes photos seront sur les fiches de table que sur les cartes d’identité. Et pour ceux qui seront admis au baccalauréat de cette année, nous avons pris des dispositions pour avoir des diplômes sécurisés et infalsifiables.

Nous allons prendre la précaution pour éviter que les admis au baccalauréat ne se retrouvent dans une situation difficile après. Le grand problème qui arrive souvent est que, quand quelqu’un est admis au baccalauréat pendant qu’il est malade, on le fait remplacer par quelqu’un d’autre et dès qu’il se rétablit, il trouve une autre personne à sa place et ça devient difficile. Donc cette année, nous allons transmettre au niveau du ministère de l’Enseignement Supérieur, la liste des admis avec leurs photos. Parce que ces mêmes photos utilisées pendant les examens vont être portées sur les attestations de réussite. On va sécuriser l’examen en amont et le sécuriser aussi en aval.
La deuxième chose, c’est de faire en sorte qu’au niveau des centres d’examen que tout ce qui concerne le matériel soit en lieu et place, plusieurs jours avant les examens et non pas attendre deux ou trois jours. Je peux vous rassurer aujourd’hui que toutes les préfectures ont reçu le matériel pour les examens et ce, depuis plus de deux semaines. Nous avons sécurisé en amont cette situation et les différents centres d’examen ont été visités pour qu’on n’ait pas de situation où l’on puisse dire la pluie est tombée et la classe est mouillée. Nous avons pris le temps de tout vérifier. Voilà certaines choses que nous avons faites en amont. Nous avons aussi organisé des ateliers auxquels moi-même j’ai participé. Parce que ces ateliers régionaux permettent, avec les parents d’élèves et les syndicats, de savoir quel est l’état d’avancement des travaux des examens et de voir avec les responsables préfectoraux les difficultés de dernière minute ainsi que les solutions qui s’imposent. Je peux vous rassurer aujourd’hui que tout le monde est fin prêt pour l’organisation des examens. Ce qui veut dire qu’au double plan matériel et organisationnel, le ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire est prêt pour les examens.

Est-ce qu’au niveau des surveillants, l’on peut s’attendre à la rigueur pour éviter non seulement des tricheries mais aussi parer à d’éventuels problèmes de primes ?

Oui. Nous avons déjà envoyé les quotas pour les surveillants, les correcteurs et les secrétaires. Toutes les dispositions sont prises. Partout où je suis passé pendant les états généraux, j’ai dit à tout le monde que la tolérance zéro n’est pas seulement au niveau des élèves. Il s’agit d’un principe qui s’applique à tout le monde, à commencer par le ministre lui-même. Tout le monde doit se mettre en tête que nous avons l’obligation de former correctement l’élève guinéen et le former c’est lui faire apprendre, le contrôler et lui donner la note qu’il faut et qu’il mérite. Donc, chacun de nous doit agir de manière à ce que l’élève soit évalué dans la plus grande honnêteté et cela ne peut se passer si l’impunité ne disparaît pas. Il faut que cela soit clair pour tout le monde, à commencer par le ministre. Quiconque est pris cette année dans une situation d’irrégularité, le payera très cher. C’est ce que nous avons envisagé contre les formes d’impunité.
Ce que nous avons fait cette année, et pour cela je vais remercier le président de la République qui a accepté que les primes soient élevées au niveau des surveillants, correcteurs et secrétaires. Cela va permettre dans un premier temps de rassurer tout le monde que les gens comprennent que le souci du gouvernement est que chacun soit à l’aise pendant les périodes d’examen afin de les mettre à l’abri d’une malversation quelconque. C’est aussi une des précautions prises grâce à l’appui du chef de l’État.

Un des problèmes récurrents aux examens nationaux, c’est la corruption et la complicité dont se rendent responsables certains cadres du département. Il y en a qui favorisent des candidats des écoles privées par rapport à ceux des écoles publiques moyennant de l’argent. Est-ce que des dispositions particulières sont prises à ce niveau pour mettre fin à ces pratiques ?

Je pense que nous avons donné l’année dernière l’exemple. Parce qu’avant les préparatifs, nous nous sommes rendu compte qu’au niveau du service examen, il y avait plus de 70 candidats inscrits de façon frauduleuse. Ils n’avaient même pas de BEPC. Ce qui veut dire que ces enfants étaient considérés déjà comme des personnes admises parce que le bout de la chaîne était leur admission au baccalauréat. Quand nous avons découvert cela, nous avons vidé complètement le service examen, le directeur, le directeur adjoint et tous ceux qui étaient mêlés à cette situation. C’était juste un signal que nous avions voulu donner. Je pense qu’il y a des écoles privées qui vous diront aujourd’hui qu’elles n’ont eu que deux pour cent d’admis. Il y a de très grandes écoles privées, souffrez que je ne vous dise pas de nom, qui n’ont même pas eu d’admis en sciences expérimentales et pourtant, qui sont de très grandes écoles. Depuis l’année passée, il y a une certaine rigueur qui fait que toutes les écoles sont sur le même pied d’égalité. C’est terminé, personne ne prendra l’argent avec quelqu’un pour faire quoi que ce soit. Je mets tous les élèves sur le même pied d’égalité. Aujourd’hui, il y a une concurrence farouche entre le lycée d’Excellence et le lycée Sainte-Marie. Les élèves du ‘’lycée d’Excellence Pr. Alpha Condé’’ sont en train de créer une situation telle que les enfants de Sainte-Marie ont des difficultés. Au Bac blanc, au lycée d’Excellence qui est une école publique, le premier des Sciences expérimentales avait 14 de moyenne et le dernier, 11 de moyenne. C’est pour dire qu’il y a l’intelligentsia. Il suffit de mettre  les enfants dans les conditions pour que l’intelligentsia émerge. Et puis, il y avait un grand problème qui existait et qui faisait que tous les parents envoyaient leurs enfants dans les établissements privés. Le souci d’un ministre de l’Enseignement Pré-Universitaire, c’est de faire en sorte que toute l’école marche dans sa totalité, que le pauvre puisse avoir la bonne formation. Ce qui veut dire que l’école publique doit être aussi une école de qualité. Parce que la petite femme ménagère qui est au marché a le même droit que le ministre, celui d’avoir son enfant bien instruit. Il faudrait que là où elle a accès que l’instruction se fasse dans de très bonnes conditions. C’est cela aussi notre combat.

Un autre grand problème est que les professeurs qui enseignaient dans les écoles publiques, étaient en même temps dans les privés. Ils donnaient plus d’importance aux cours dans les privés qu’aux publics. Et quand il y avait un cours de mathématiques par exemple au lycée Donka et à Sainte Marie à la même heure, il préférait aller donner des cours de mathématiques à Sainte Marie et faire dicter des cours à Donka. Mais, cette année, ceci a disparu. Je souhaite que les écoles privées se développent. Mais, il faut qu’elles aient l’intelligence de chercher leur corps professoral. Il faut qu’elles organisent des concours et prennent les gens sur mérite. Elles ne peuvent pas utiliser quelqu’un qui a été formé par l’État et qui est payé par l’État pour dispenser des cours dans les écoles privées. Il faut qu’on comprenne cela et faire en sorte qu’on forme pour que l’enfant guinéen soit formé. Si un professeur, en dehors des heures de cours normales qu’il a, peut donner des cours dans une école privée, tant mieux. Cette année, nous avons fait en sorte que tous les professeurs au secondaire aient 18 heures de cours. C’est bien cela la loi. Je vous informe que le taux d’assiduité des professeurs dans les écoles secondaires publiques en Guinée cette année est monté à près de 30 pour 100 à 96 pour 100. Parce que vous ne pouvez plus être dans une situation qui pourra vous permettre de donner votre cahier aux élèves. Car, ceux-ci sont évalués au lycée et au collège à vingt (20) interrogations par mois. Si vous avez dix (10) matières, vous ne pouvez pas être dans une situation où vous allez dicter des cours et donner des interrogations aux élèves, ils vont prendre la rue. Ce qui fait aujourd’hui que l’assiduité au niveau des enseignants dans les écoles secondaires publiques, est telle que nous pouvons dire que dès le mois d’avril, les programmes étaient presque bouclés. Les gens ont achevé les programmes au mois de mai pour permettre aux enfants de réviser. Cela est dû aux dispositions que nous avons prises pour que ces écoles soient dans les conditions régulières. Mon souci est de faire en sorte que tous les élèves guinéens aient droit à la bonne instruction.

Récemment, il y a eu des émeutes dans certains établissements publics de la place suite à une information qui disait que les notes du Bac blanc seront prises en compte au Bac réel. Cette décision incomprise, a généré des troubles. Qu’en est-il exactement de l’applicabilité de cette mesure controversée aujourd’hui ?

Je pense que les gens ont voulu profiter pour créer les émeutes dans les écoles. Mais, Dieu merci et fort heureusement que les élèves ont compris que ce n’était pas l’objectif visé par le ministre. Quand on devait organiser le Bac blanc, nous avons dit que le Bac blanc est un test qui permet aux élèves de s’auto-évaluer et que les notes du Bac blanc allaient constituer les premières notes du mois d’avril. Parce que tous les élèves ont deux notes pendant le mois. Jamais les notes de Bac blanc ne peuvent être considérées comme une note des examens réels. Ces notes n’ont jamais été considérées par le département comme étant une moyenne quelconque pour une matière. A plus forte raison, des notes qui allaient être une moyenne au niveau du baccalauréat. Les gens ont voulu utiliser ces manifestations pour pouvoir créer des problèmes. Mais fort heureusement, la situation a été maitrisée. Les troubles ont été seulement circonscrits aux lycées Bonfi, Matam et Kipé. Je voudrai rassurer les élèves que je suis le ministre qui ne pense pas qu’il faille ériger l’injustice en système de travail. Je combattrai toujours, l’injustice et l’impunité. J’ai une mission qui m’a été confiée par le président de la République et qui sera jugée par le peuple de Guinée. Cette mission consiste à faire de l’école guinéenne une entité qualifiée et compétitive. Et je me battrai pour que l’école guinéenne soit débarrassée de toute forme d’injustices. Que les enfants gardent leur sérénité, ces notes sont des notes de cours comme les autres et ce n’est nullement une moyenne. Je crois qu’ils l’ont compris et aujourd’hui, les choses sont beaucoup plus sereines à leur niveau pour préparer ces examens.

Vous avez récemment été accusé pa r la presse d’avoir procédé, de gré à gré, à l’attribution des marchés publics à des sociétés de la place. Qu’en dites-vous ?

Je pense qu’il faut un peu plus de probité dans le travail. Les journalistes ne sont pas des diffamateurs. Ce sont des gens qui transmettent à la population ce qui est logique et vérifié. Le marché de gré à gré a disparu avec le président de la République, Pr Alpha Condé. Le ministère n’octroie aucun marché. Vous pouvez être certain que le ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire n’octroie aucun marché. Il lance des appels d’offres en accord avec les Grands Projets et le Marché Public. Quand l’appel d’offres est lancé, les soumissionnaires viennent payer les cahiers des charges et une fois prêts, ils le déposent, soit aux Grands Projets ou au Marché Public où sont ouverts les plis. C’est au Marché Public que la commission d’attribution se réunit, présidée par un responsable des Grands Projets ou du Marché Public. Le ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire n’a aucun élément dedans. Sauf, une partie de la DAF qui participe.

Mais, le président et le rapporteur sont tous des membres des Grands Projets ou du Marché Public. Et le ministère est seulement informé de l’attribution du marché à une entreprise et c’est le ministère des Finances qui paie. Alors en quoi le ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire va être impliqué dans ces marchés ? Voilà la procédure. Il faut que les gens soient honnêtes et qu’ils fassent l’effort du travail de journaliste professionnel en allant recouper les informations avant de les publier. Cela y va d’abord de la crédibilité de chaque journaliste professionnel. Aucune entreprise ne va investir au niveau de l’Enseignement Pré-Universitaire s’il n’est pas bénéficiaire d’un appel d’offres. Donc, un ministre ou un cadre du département qui dit à quelqu’un, je vais te donner un marché, je vous dis qu’il n’en a pas la compétence et il vous ment. Ici, personne ne contrôle cette chaîne. La procédure normale est que nous, nous lançons un appel d’offres, les Grands Projets ou le Marché Public octroie le marché, on nous en informe par notification et nous suivons les travaux. Il ne faut pas qu’on arrête de dénigrer à dessein quelqu’un parce que tout simplement, on suppose qu’il travaille bien. Non ! Je crois qu’il faut que les gens soient plus logiques. Notre souci qui doit être celui de tous, c’est de voir l’école guinéenne se qualifier davantage. Car, c’est la chose la plus précieuse pour un pays. On a un chef d’État qui veut un pays émergent, qui veut développer notre pays pour que beaucoup d’entreprises y investissent. Mais, le souci de chacun de nous aujourd’hui, n’est pas que les Guinéens formés ailleurs, viennent travailler ici. On va recruter par voie de concours. Il n’y a aucune différence entre l’élève qui est à Abidjan, en France, au Mali ou encore ici (en Guinée, ndlr). Si chacun doit être mis en compétition sur la base de la nationalité, nous sommes tous des Guinéens. Mais, est-ce qu’on va faire une école qui forme des gens qui ne soient pas capables de réussir à un concours et qui vont être permanemment dans la rue ? Il faut que le travail de l’école soit départi de tout complexe d’infériorité et que chacun regarde le travail qui est fait et se mette avec nous pour nous accompagner pour qu’on ait une école compétitive. Sinon, nous allons avoir une école où l’on va investir de l’argent et ça ne servira à rien parce que les enfants qui vont être formés vont se retrouver dans les rues. Voila, ce qui me préoccupe. Pour le reste, franchement je ne me sens pas concerné. Je suis plutôt préoccupé par le travail que m’a confié le chef de l’État et je souhaite que tous les Guinéens nous accompagnent pour qu’on ait une école compétitive.

Sans doute, après les examens, certains lauréats auront droit à des bourses pour poursuivre leurs études à l’extérieur. Quel gage de transparence donnez-vous pour le choix de ces futurs boursiers ?

Rassurez-vous, si nous avons vingt (20) bourses, ce sont les vingt premiers qui en bénéficieront et si c’est quinze (15), ce sera les quinze premiers également. Pour cela, je peux garantir au peuple de Guinée que je prendrai toutes les dispositions avec le ministre de l’Enseignement Supérieur pour que la règle fondamentale qui est le mérite soit respectée. On ne va pas faire partir l’enfant des ministres ou l’enfant d’un directeur s’il ne le mérite pas. Je pense que c’en est terminé pour cette pratique. Nous allons faire en sorte que le mérite soit respecté et vous aurez le temps en tant que journaliste de vérifier. Le service des bourses reste ouvert et vous aurez le temps de vérifier après les résultats. Ne bénéficieront de ces bourses que des enfants qui l’auront mérité. On ne va pas organiser un deuxième concours, on ne va pas organiser de fraude. Si on a trente (30) bourses, les trente premiers iront. La seule chose qui pourra nous gêner, c’est si un enfant ne respecte pas une condition. Par exemple, certains pays tiennent compte premièrement de l’âge. Deuxièmement, certains parents refusent d’envoyer leurs enfants dans certains endroits. Si tel est le cas, quand tu refuses, on descend à l’échelle qui suit. C'est-à-dire, si nous avons besoin de dix (10) et que sur les dix, il y a quatre qui refusent, on descend jusqu’au 14ème. Donc, on va fonctionner de sorte que le mérite soit respecté dans l’octroi des bourses.

Quelle est la situation exacte des candidats aux différents examens nationaux pour cette session 2012 ?

Cette année, pour l’Entrée en 7ème, nous aurons 572 698 candidats dont 274 225 filles soit 43 pour cent. Au BEPC, nous aurons 188 067 dont 73 465 filles soit 39 pour cent. Au baccalauréat unique tous profils confondus, nous aurons 131 458 candidats dont 45 299 filles soit 34 pour cent. Les candidats vont composer dans 28 197 salles de classes soit 1138 centres d’examen cette année. Voilà la situation en ce qui concerne l’effectif des candidats.

L’entrée en 7ème commence le 7 juin et prend fin le 9 juin. Le BEPC commence le 14 juin pour finir le 19 juin et le baccalauréat se fera du 22 au 26 juin.
-->La tendance est apparemment inversée cette année?

Nous avons inversé pour que nous commencions par l’Entrée en 7ème. C’est vrai avant que je ne prenne les commandes du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire, les gens commençaient par le Bac, l’Entrée en 7ème puis le BEPC. Mais, j’ai dit que ce n’est pas normal. Pourquoi ? Quand vous voulez évaluer un élève de la 6ème de façon honnête et que vous faites passer les autres examens avant de le faire composer, souvent d’un constat psychologique général, vous trouverez que l’enfant a déjà désappris soit par la peur, le stress ou par le temps mis. Et si vous les évaluez, vous faites du tort à certains. Parce que ce sont les plus petits. Vaut mieux donc qu’ils soient frais et qu’ils s’en débarrassent avant de tomber dans la peur. Depuis l’année passée, l’entrée en 7ème est surveillée par les professeurs du lycée. Parce que je ne veux pas que les surveillants communiquent avec les enfants. Il faut qu’on soit juste. Si vous faites surveiller l’Entrée en 7ème par des professeurs du lycée, il lui sera très difficile de se rappeler immédiatement des cours dispensés à l’élémentaire. Pour preuve, demandez à quelqu’un qui a fini l’université quel est le rapprochement entre le kilomètre (km) et le décimètre (dm), il vous répondra qu’il a oublié. En revanche, pour un instituteur il devient très simple. Puisque c’est son programme d’enseignement. Donc, quand c’est un professeur du lycée qui surveille, vous évaluez honnêtement l’enfant. Après l’Entrée en 7ème, nous avons dit qu’il faut le Brevet. Cet examen va être contrôlé par les enseignants de l’élémentaire ainsi que le Bac. Vous demandez à un enseignant de l’élémentaire de venir surveiller à l’examen une épreuve en Chimie, même s’il a la volonté, il est souvent handicapé par son niveau. Le baccalauréat est aussi surveillé par les enseignants de l’élémentaire. Donc, ce qui veut dire qu’un maître de l’élémentaire quelque soit son génie, ne pourra jamais traiter un sujet de Philosophie. Donc, on est certain en tout cas d’avoir une surveillance correcte avec cette méthode. Et je voudrais vous informer ici que trois semaines après le baccalauréat, nous aurons les résultats de tous les examens. Le Bac prend fin le 26 juin et trois semaines après cette date, vous aurez la proclamation des résultats de tous les examens.

Votre mot de la fin ?

Je remercie votre journal et je souhaite que les journalistes accompagnent le département et qu’ils comprennent que ce que nous sommes en train de faire n’est pas politique, parce que nous avons en charge l’avenir du pays. Il faut que chacun d’entre nous s’y mette et que la presse nous accompagne. Nous ne sommes pas en mesure de vulgariser tout ce que nous sommes en train de faire sans l’aide de la presse. Quand ce que nous posons n’est pas bon, qu’on nous interpelle. Nous n’avons pas peur d’être interpellés sur certaines pratiques que nous faisions et qui ne sont pas bonnes. Mais que l’interpellation soit fondée sur des choses justes et réelles qui puissent nous permettre d’avancer et qui ne découragent pas aujourd’hui certaines personnes qui sont en train de s’investir pour la patrie. Parce que le plus important, c’est d’avoir des résultats probants qui puissent servir à notre pays. C’est l’appel que je voudrais lancer à la presse et je remercie déjà la presse pour le fait qu’elle s’intéresse à nous. Mais, il faut qu’elle nous aide à nous épanouir parce que c’est avec la presse qu’on peut facilement réussir.
Je voulais dire également aux candidats de rester sereins. L’objectif des examens n’est pas d’éliminer un candidat. C’est juste pour les évaluer et de savoir qui a mieux appris et qui a un niveau acceptable d’aller en classe supérieure. Il faut qu’ils comprennent cela et savoir que mieux vaut échouer que d’être pris en flagrant délit de tricherie et se faire humilier. L’échec n’est pas une fin en soi, il doit permettre de se remettre en cause. C’est l’appel que je voulais lancer aux élèves.

Aux parents d’élèves, je demande de nous accompagner et la meilleure manière est d’accepter l’évaluation. Il ne faut pas qu’ils se mettent dans une logique de corruption ou de pousser les enfants à se mettre dans la rue. Il faut qu’ils comprennent que l’évaluation que nous faisons, nous le faisions pour les enfants mais aussi pour eux les parents. Parce qu’ils investissent énormément sur les enfants pour que demain, ils soient dans la rue. Il faut qu’on mette fin à la corruption. Aux encadreurs, ceux qui seront impliqués dans l’organisation, je voudrais leur dire que nous avions dit tolérance zéro pour les élèves mais, c’est aussi valable pour eux. Personne n’est à l’abri d’une sanction quelconque. Chaque manquement à nos dispositions et règlements en vigueur, sera sanctionné proportionnellement à l’ampleur de la forfaiture commise. Je ne suis pas un ministre qui joue avec l’impunité. Je tiens, je suis précis, j’ai une mission que m’a confiée le chef de l’État, celle de faire de l’école guinéenne, une école de qualité. Et j’userai de tous les moyens pour que nous ayons une école de qualité et une école compétitive. Il faudrait que chacun sur la chaîne sache qu’il a entre ses mains le devenir du pays.