lundi 12 mars 2012

Labé Des gendarmes sèment la terreur au lycée Hoggo M’bouro

Le vendredi 17 février, les élèves du lycée Hoggo M’bouro ont vu s’abattre sur eux une violence extrême. La bastonnade d’un professeur du lycée est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
En effet, le jeudi 16, deux élèves de la 12eme année sciences sociales (Halimatou Diallo et Mamadou Barry) se sont accrochés en classe à cause d’un vol de crédit. Amenés à la direction, ils finiront par être renvoyés pour une semaine. Néanmoins, pour éviter une nouvelle bagarre entre les deux,  le proviseur décide en premier lieu d’expulser la fille. Mamadou Barry qui devait partir un quart d’heure après, profita de l’inattention de son chef d’établissement  pour s’éclipser afin de rattraper la fille en hors de la cour de l’école.
Aussitôt nez-à-nez les 2 se saisissent de nouveau. Au moment de leur bagarre, les jeunes du quartier qui, comme d’habitude s’asseyent juste en face de l’école interviennent en faveur de la fille. Ils tabassent le jeune garçon.
M. Ibrahima Sory, professeur de Philosophie qui observe l’action se précipite pour intervenir. Mais à son arrivée, faisant la sourde oreille, les jeunes laissent le garçon et s’en prennent au professeur en question. Ce dernier rentra chez lui avec des blessures aux genoux.
Le lendemain, aux environ de 10h, un élève quitte la cour de l’école  et échange quelques échanges mots avec les mêmes jeunes du quartier. L’incident de la veille est du coup réveillé. L’élève  écœuré a alors dit  « Si moi j’avais vu celui qui a battu mon professeur, je le vengerai… ». Le nommé Bota qui faisait parti du groupe est ainsi allé directement alerter l’auteur de l’acte. La situation a vite dégénéré avec la sortie des élèves pour la récréation. Ces derniers se sont précipités pour aider leur camarade qui était à la prise avec les jeunes.
Finalement l’incident a mené à des jets de pierre entre les deux camps. Le proviseur contacte le DPE et celui-ci sans tarder arrive à Hoggo M’bouro et appel les services de sécurité.
Entre temps, une dame militaire du quartier, Caporal Aissatou est contactée par les jeunes du quartier. Dame Assiatou contacte à son tour des gendarmes qui arrivent sur les lieux. Au lieu de s’interposer  entre les protagonistes, ils prennent d’assaut l’établissement et poursuivent les élèves jusque dans les salles de classe.
Pire, ces gendarmes qui étaient en fait de la brigade mobile No 8 ont bastonné les élèves : coups de matraques, fouets, bâtons, coups de pieds… s’invitent dans le mouvement. Nos gendarmes emportent : argent, téléphones, batteries de moto...
Le 17 février aura été une journée mémorable pour la population de Labé en général et les élèves de Hoggo M’bouro en particulier. Ces derniers ont donc fait les frais de la colère des gendarmes qui ont tiré du gaz lacrymogène dans l’établissement. Plusieurs élèves ont rejoint leurs familles avec des blessures, des troubles mentaux.
Alertés, l’inspecteur régional de l’éducation M. Mory Sangaré, le directeur préfectoral de l’éducation (DPE), le préfet et même l’inspectrice régionale de l’éducation sont descendus sur les lieux pour constater les faits. Les journées de samedi et dimanche ont été laborieuses pour ces cadres ainsi que pour l’intersyndicale, les parents d’élèves et les responsables d’établissements. Il fallu à tout prix régler le problème pour limiter les dégâts.
Ainsi, le dimanche 19 février, le DPE a rencontré le proviseur dudit lycée, le censeur, le principal du collège ainsi que  les représentants des élèves. Pendant ce temps, l’intersyndicale se réunissait à Hoggo M’bouro pour faire une déclaration. A 15h, une réunion s’est tenue à l’école d’application de Labé sous la houlette de Mme N’diaye Néné Fatou Diallo, de l’IRE et du DPE.
Les représentants des élèves ont présenté une plateforme de revendication centrée sur 3 points à savoir : l’arrestation du caporal chef Assiatou et de ses complices, la restitution des objets volés et perdus au cours du mouvement et le départ de la brigade mobile No 8 de la ville de Labé.
Mme l’inspectrice générale et l’inspecteur régional ont pris le ferme engagement de poursuivre l’affaire jusqu’au bout pour que justice soit rendue. Depuis lors, le calme règne à Labé.
Barry Safiatou TSM Hoggo M’bouro
Editorial
 La révolution
Le développement d’un pays est inhérent à la participation de la couche juvénile au progrès du pays. Cela demande aussi l’évaluation de cette dernière, ce qui suppose nécessairement l’analyse du niveau de sa formation.
C’est conscient de cela que les nouvelles autorités guinéennes et particulièrement celles de l’éducation ont mis la réforme du système éducatif au cœur de leur préoccupation. C’est ainsi que des mesures ont été envisagées pour que désormais soit inversé la tendance qui voudrait que les élèves guinéens soient de faible niveau.
Au nombre de ces mesures se trouve l’instauration d’une nouvelle méthode d’évaluation appelée ‘’Méthode d’évaluations mensuelles’’. Il s’agit de 2 interrogations par mois et par matière.
Cette manière de faire supprime du coup les habituelles compositions de fin de semestres. Il s’agit maintenant de créer un véritable cadre de formation pour les élèves, les empêchant de bouder les classes sans raison au moment des cours.
A en croire les autorités,  la mesure a beaucoup contribué à la baisse du taux d’absence en milieu scolaire faisant de sorte que la présence des élèves n’est plus liée à la tenue unique des compositions.
C’est dire donc qu’un grand pas a été franchi à ce niveau lorsqu’on sait ce que les élèves chômeurs représentaient en terme d’entrave à la bonne marche du système éducatif.  Mais il convient tout de même de signaler que comparativement à toute réforme à ses débuts, cette nouvelle méthode malgré les efforts louables déployés par les autorités, connait des difficultés de nature à obstruer son élan.
Ces difficultés se traduisent notamment par : la possibilité de  bien surveiller les interrogations afin que l’élève ne fasse ressortir que sa valeur intrinsèque. Une bonne partie des heures de cours est donc réservée aux évaluations.
Cette pratique pourrait engendrer le non achèvement des programmes. C’est dire que derrière cette innovation se cachent aussi de petits problèmes auxquels des solutions méritent d’être apportées. L’analyse objective des effets positifs de cette réforme peut néanmoins nous permettre de la qualifier de salvatrice pour un système éducatif qui à vrai dire était déliquescent. Il importe de rappeler qu’arriver à réussir dans cette méthode novatrice implique que tous les acteurs de l’école doivent s’investir d’avantage en usant de tous leurs efforts possibles. Des efforts qui ne doivent pas être la seule affaire exclusivement de l’Etat comme le pensent certains mais c’est aussi une affaire de tout citoyen.
Par Baldé Mamadou Moustapha