jeudi 2 mai 2013

Voyage clandestin : Sur les traces d’un jeune aventurier


Le rêve d’un nombre  important de jeunes, c’est d’aller en aventure. Si ce n’est pas l’Angola, c’est la Guinée équatoriale ou encore l’Europe de l’ouest. Ils tentent d’entrer clandestinement dans leurs pays de rêve. Malgré les risques, les jeunes à la recherche d’un lendemain meilleur sont prêts à tout.

Quelques uns réussissent, d’autres finissent par mourir à cause des mauvaises conditions : faim, soif, intempéries, prison…  Le chemin emprunté est souvent le Sahara.
Thierno, surnommé ‘’Aventurier’’ par ses amis, nous fait le récit du voyage qui l’a conduit en Espagne. Il a été  rapatrié en juin 2011. Thierno connait plusieurs pays africains. Il est allé jusqu’au Cameroun. Sa première sortie remonte à 2006, le matin du début du BEPC, examen auquel il était lui-même candidat. Pour cette première expérience, l’adolescent guinéen débute par le Liberia. Il y passe des mois avant de s’enfoncer vers le nord et arrive en Côte d’Ivoire. Il travaille dans les plantations de café et cacao. Thierno récolte quelques francs. Il rentre en Guinée pour revoir sa maman avant de prendre la route qui mène aux plages marocaines.
A la question de savoir pourquoi les jeunes aiment-ils l’aventure, notre jeune répond ‘’ les jeunes voient ceux qui reviennent au pays faire d’importantes réalisations. Moi c’est ce qui me pousse à le faire. ‘’ En quittant son pays, Thierno est passé par le Mali, puis par l’Algérie avant de faire escale au Maroc.  C’est là qu’il a préparé la traversée de l’océan à travers une pirogue ou à la nage. Il choisi la dernière option. D’abord pour nous certifier que ce qu’il dit n’est pas une invention, mais du réel, il me présente un document qui atteste qu’il a été assisté par le bureau du haut commissariat des Nations-Unies aux réfugiés de Rabat.
Sur le chemin entre le Mali et l’Algérie, Thierno nous explique ce qui s’est passé ‘’on nous fait descendre   à trois pour nous conduire dans un cachot. Au deuxième jour, on nous libère pour nous abandonner seuls dans le désert. Les dures épreuves commençaient. On se séparera et moi je trouve un véhicule en panne. J’aide les occupants et ensemble nous partons jusqu’à la frontière algérienne‘’. En Algérie, l’aventurier, dit ne pas avoir eu d’énormes problèmes. Seulement, il précise avoir parcouru une longue distance à pieds’’.  
Enfin arrivé au Maroc, le petit noir y passera dix huit mois avant de se plonger dans la mer qui sépare l’Afrique de l’Europe. Un an et demi dans une ville étrangère, majoritairement arabe, loin de papa et maman. Or les besoins quotidiens sont toujours là : se nourrir, s’habiller, se loger avec en cœur la ferme décision de voir de près les grattes ciels de l’Espagne. Mais avant tout, il faut sauver sa peau. Thierno se souvient de deux attaques dont il a fait l’objet. L’une à Alger et l’autre au Maroc. D’ailleurs, celle qui ne quittera jamais sa mémoire c’est quand il a été poignardé à l’aide d’un canif. Il s’en est sorti avec des blessures aux hanches.  Il précise que c’était une nuit du mois de ramadan alors qu’il revenait d’une boutique pour acheter quoi manger. 
Pourquoi une telle durée avant la traversée ? En effet, Thierno n’a pas accepté l’option qui pourrait faciliter l’objectif. Celle d’infiltrer  un réseau de trafiquants de drogues pour vite gagner de l’argent. Il témoigne ‘’on travaillait jusqu’à ce qu’on gagne le prix de la traversée. J’avais fait six tentatives et j’ai réussi à la septième. Le point de départ c’est Bénénouse. De là à Septa, il y a environs un kilomètre.’’ Septa est une île espagnole. Thierno poursuit ‘’Nous étions cinq à tromper la vigilance des policiers le jour de ma réussite. Lorsque les policiers nous ont aperçus, ils sont venus à  notre rencontre et nous  ont pris dans leur barque.’’
A Septa, Thierno et ses amis ont mis cinq jours sur place, histoire de récupérer avec la fatigue. Ils seront par la suite transférés à Malaga pour finalement être ramenés dans leurs pays respectifs. ‘’A Conakry, pour nous faire oublier notre calvaire, ils ont donné à chacun de nous 6 millions cinq cent mille francs guinéens ou une moto.’’
Une assistance qui  ne semble pas avoir influencé le jeune aventurier Thierno. Il se prépare pour une autre sortie. Durant son périple, Thierno a appris l’anglais, le dioula, le bambara et le berbère.
Thierno Abdoul Diallo, L2 langue française à l’ISSEG de Lambandji                         

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