Le
rêve d’un nombre important de jeunes,
c’est d’aller en aventure. Si ce n’est pas l’Angola, c’est la Guinée
équatoriale ou encore l’Europe de l’ouest. Ils tentent d’entrer clandestinement
dans leurs pays de rêve. Malgré les risques, les jeunes à la recherche d’un
lendemain meilleur sont prêts à tout.
Quelques uns réussissent,
d’autres finissent par mourir à cause des mauvaises conditions : faim,
soif, intempéries, prison… Le chemin
emprunté est souvent le Sahara.
Thierno, surnommé ‘’Aventurier’’
par ses amis, nous fait le récit du voyage qui l’a conduit en Espagne. Il a
été rapatrié en juin 2011. Thierno
connait plusieurs pays africains. Il est allé jusqu’au Cameroun. Sa première
sortie remonte à 2006, le matin du début du BEPC, examen auquel il était
lui-même candidat. Pour cette première expérience, l’adolescent guinéen débute
par le Liberia. Il y passe des mois avant de s’enfoncer vers le nord et arrive
en Côte d’Ivoire. Il travaille dans les plantations de café et cacao. Thierno
récolte quelques francs. Il rentre en Guinée pour revoir sa maman avant de
prendre la route qui mène aux plages marocaines.
A la question de savoir pourquoi
les jeunes aiment-ils l’aventure, notre jeune répond ‘’ les jeunes voient ceux
qui reviennent au pays faire d’importantes réalisations. Moi c’est ce qui me
pousse à le faire. ‘’ En quittant son pays, Thierno est passé par le Mali, puis
par l’Algérie avant de faire escale au Maroc.
C’est là qu’il a préparé la traversée de l’océan à travers une pirogue
ou à la nage. Il choisi la dernière option. D’abord pour nous certifier que ce
qu’il dit n’est pas une invention, mais du réel, il me présente un document qui
atteste qu’il a été assisté par le bureau du haut commissariat des
Nations-Unies aux réfugiés de Rabat.
Sur le chemin entre le Mali et
l’Algérie, Thierno nous explique ce qui s’est passé ‘’on nous fait
descendre à trois pour nous conduire
dans un cachot. Au deuxième jour, on nous libère pour nous abandonner seuls dans
le désert. Les dures épreuves commençaient. On se séparera et moi je trouve un
véhicule en panne. J’aide les occupants et ensemble nous partons jusqu’à la
frontière algérienne‘’. En Algérie, l’aventurier, dit ne pas avoir eu d’énormes
problèmes. Seulement, il précise avoir parcouru une longue distance à pieds’’.
Enfin arrivé au Maroc, le petit
noir y passera dix huit mois avant de se plonger dans la mer qui sépare
l’Afrique de l’Europe. Un an et demi dans une ville étrangère, majoritairement
arabe, loin de papa et maman. Or les besoins quotidiens sont toujours là :
se nourrir, s’habiller, se loger avec en cœur la ferme décision de voir de près
les grattes ciels de l’Espagne. Mais avant tout, il faut sauver sa peau.
Thierno se souvient de deux attaques dont il a fait l’objet. L’une à Alger et
l’autre au Maroc. D’ailleurs, celle qui ne quittera jamais sa mémoire c’est
quand il a été poignardé à l’aide d’un canif. Il s’en est sorti avec des
blessures aux hanches. Il précise que
c’était une nuit du mois de ramadan alors qu’il revenait d’une boutique pour
acheter quoi manger.
Pourquoi une telle durée avant la
traversée ? En effet, Thierno n’a pas accepté l’option qui pourrait
faciliter l’objectif. Celle d’infiltrer
un réseau de trafiquants de drogues pour vite gagner de l’argent. Il
témoigne ‘’on travaillait jusqu’à ce qu’on gagne le prix de la traversée.
J’avais fait six tentatives et j’ai réussi à la septième. Le point de départ
c’est Bénénouse. De là à Septa, il y a environs un kilomètre.’’ Septa est une
île espagnole. Thierno poursuit ‘’Nous étions cinq à tromper la vigilance des policiers
le jour de ma réussite. Lorsque les policiers nous ont aperçus, ils sont venus
à notre rencontre et nous ont pris dans leur barque.’’
A Septa, Thierno et ses amis ont
mis cinq jours sur place, histoire de récupérer avec la fatigue. Ils seront par
la suite transférés à Malaga pour finalement être ramenés dans leurs pays
respectifs. ‘’A Conakry, pour nous faire oublier notre calvaire, ils ont donné
à chacun de nous 6 millions cinq cent mille francs guinéens ou une moto.’’
Une assistance qui ne semble pas avoir influencé le jeune
aventurier Thierno. Il se prépare pour une autre sortie. Durant son périple,
Thierno a appris l’anglais, le dioula, le bambara et le berbère.
Thierno
Abdoul Diallo, L2 langue française à l’ISSEG de Lambandji
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