Le jeune Amadou Tèla Bah âgé de 22 ans était élève
en 12eme sciences sociales au lycée de Kipé.
Il a fait une partie de ses études primaires à Almamya (Kaloum) et à
l’école primaire Ratoma Kolimodou avant de se retrouver au collège de Kipé. Il
perdu la vie le 27 février, jour de la
marche de l’opposition. Tèla est l'avant
dernier de sa famille. Le défunt était fils de Mamadou Talibé et Kadiatou Bah.
Sur les circonstances de sa disparition, Bah Sidy grand frère de la victime affirme
que Tèla est sorti de la maison familiale le 27 février, à 17h après avoir pris
un plat d'attiéké.
Il a offert de l'argent aux petits enfants en guise d’au revoir peut être, par
la suite il a rejoint comme d'habitude
ses amis à Hamdallaye pour faire du thé, raconte Bah Sidy. Il poursuit en affirmant qu’un pick-up de
gendarmes ou policiers est arrivée sur
place (difficile pour la famille d’avoir une idée claire sur la nature des
auteurs du meurtre). Ses quatre amis auraient eu le temps de fuir, ce qui n'a
pas été le cas de Tèla. Amadou Tèla faisait dos. Le temps de courir, ils ont
bondit sur lui.Il semble qu'un des gendarmes lui a dit '' c'est vous qui faites la marche!'', Tèla réplique en disant ''regardez comment je suis propre, ceux qui font la marche sont tous sales.’’ Toujours selon les explications du frère de la victime, il semble que les gendarmes ou policiers ont blessé profondément au bras avec leur baïonnette. Il a perdu assez de sang. Ils ont même touché les veines. La famille de Bah Amadou Tèla, accuse les forces de l’ordre d’avoir pris tout leur temps pour observer leur victime perdre son sang. Lorsqu'ils ont compris que c'était trop tard, ils ont pris la fuite, précise notre interlocuteur.
On raconte que peu après, les amis de Tèla sont
sortis de leur cachette, ils ont attaché son bras. Ils l’ont transporté à
l’hôpital. Tèla a rendu l'âme à Jean
Paul 2. Le vendredi 8 mars, 9 corps dont celui d'Amadou Tèla Bah ont été
inhumés au cimetière de Bambéto.
Nous avons rendu une visite à la famille éplorée à
Hafia dans la commune de Dixinn. Nous avons trouvés dans une maison située au
bord des rails, des personnes simples avec le père et la mère de la victime. Les
sœurs de Tèla malgré l’émotion nous ont montré les photos de leur frère.
Fatoumata Binta Bah, raconte les derniers échanges qu’elle a eu avec son défunt
frère ‘’A l’hôpital, il a demandé à un médecin de lui prêter un téléphone. Il
m’a appelé pour me dire qu’il a été blessé, de le rejoindre à Jean Paul 2. Nous
avons communiqué longuement. Une fois sur place, il avait été admis aux
urgences. Mais soudain, j’ai entendu les docteurs dirent qu’il est mort. J’ai
alors forcé la situation pour voir mon frère. ‘’
Sur la question de savoir si la famille a reçu un soutien moral ou
financier des autorités gouvernementales ou des leaders politiques, M. Bah Sidy
répond: '' après l'enterrement, nous n'avons pas vu d'abord les autorités de la
mouvance ou de l'opposition. Avant l'inhumation, Elhadj Cellou (NDLR: leader de
l’UFDG) venait pratiquement presque tous les deux jours. Mais après, il n'y a
plus eu de visite d'une quelconque autorité.''
Comment la famille compte gérer la suite de cette
affaire ? En fataliste, le frère de la victime se remet à la volonté
divine. S'il y a plainte à porter, c'est aux organisateurs de le faire selon
Sidy Bah. Il a cependant invité le ministère des droits de l'Homme à jouer son
rôle. Toutes fois, Bah Sidy avoue que le guinéen ne connait pas son droit. Il
s'est aussi interrogé sur les agissements des forces de l'ordre qui s'attaquent
à la population. Pourtant, avec une forte émotion, M. Bah rappelle que c'est
les citoyens qui contribuent à la formation et au paiement des forces de
sécurité.
Mohamed Diallo, ami d’un des frères de Tèla, a
reconnu que le jeune n’avait aucun problème et avait du respect pour les aînés.
Au lycée de Kipé où étudiait Amadou Tèla Bah, les responsables nous ont
signifié qu'ils n'étaient pas au courant du décès de leur élève. Ils
soutiennent que la famille n'a pas informé l'école. Après vérification, les
dirigeants du lycée de Kipé nous ont fait savoir que le nom de la victime ne se
trouve dans aucun registre.
La mort de Bah Amadou Tèla, ainsi que celle de 5
autres élèves et étudiants dans les troubles politiques relance la brutalité
des forces de l’ordre dans la gestion des manifestations.
Mamadou Samba Sow
Liste des élèves
et étudiants tués lors de la marche de l’opposition du 27 février 2013
1.
BAH Amadou Téla, 23 ans, Elève
2.
SOW Abdoulaye, 13 ans, Elève
3.
BAH Thierno Abdoul, 17 ans, Elève
4.
DIALLO Mamadou Alpha, 15 ans, Elève
5.
BAH Mamadou Aliou, 20 ans, Etudiant
6.
DIAOUNE Mamadou, 18 ans, Elève
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire