mardi 6 mai 2014

Macenta : Quand les élèves se moquent d’Ébola

La fièvre hémorragique Ébola a fait de nombreuses victimes en Guinée depuis janvier. Mais dans la région forestière, foyer de la maladie, les populations semblent minimiser l’épidémie. A Macenta, Ébola, fait l’objet de moquerie dans les écoles.
Nous sommes à Daro, une sous-préfecture située à 12 kilomètres de la frontière libérienne. Au collège de la localité, Ébola est au centre des discussions. Abdoulaye Keita fait la 9eme année, il souligne que la fièvre virale qui a créé la peur chez les guinéens, est un simple montage des occidentaux qui cherchent à imposer leur culture dans cette partie sud du pays. Pour un des professeurs de physique, Ebola n’existe que dans les esprits et dans les médias.

On s’interroge d’ailleurs sur certaines informations faisant état de manque de vaccin efficace contre Ébola et pourtant, les spécialistes annoncent curieusement qu’il y a des cas de guérison, affirme un autre.  Pour se moquer de ce mal qui provient des animaux de brousse, les élèves de Daro n’hésitent pas à se faire appeler Ebola, qui devient un surnom porté par eux.    
A la direction préfectorale de Macenta, nous assistons à un débat entre enseignants. Bon nombre d’intervenants soutiennent mordicus qu’il ne s’agit que d’une invention. Toutes fois, un professeur venu de Guéckédou, autre ville affectée par la maladie, annonce que badiner avec Ebola est une grave erreur. Il explique que l’utilisation du chlore et le lavage des mains sont devenues des pratiques régulières dans les établissements scolaires de sa préfecture d’origine.
Madame Toupou Pierrette, directrice préfectorale de l’éducation fait partie des personnes qui estiment qu’il faut faire attention à cette maladie pour éviter sa propagation. Elle a carrément refusé de nous serrer la main par précaution.
L’’’Ébola phobie’’ qui règne à Macenta s’expliquerait par le manque d’information sur ce phénomène. Il n’y a presque pas de communication, les autorités gardent le mutisme, les citoyens qui n’ont que la radio rurale et les radios étrangères qui émettent sur onde courte se fient aux rumeurs. MSF, médecin sans frontière a distribué récemment des documents dans les écoles mais aussi au reste de la population. L’organisation explique les modes de contamination et les précautions à prendre. Depuis lors, on assiste à un léger changement de mentalité. Cette sensibilisation intervient après le saccage des locaux de l’ONG par des jeunes en colère qui pensent que MSF est responsable de tout le bruit autour d’Ébola.
Pour l’instant, officiellement, aucun enseignant, élève, étudiants ou encadreur d’école n’a été touché par le très redouté Ébola.
Ahmed Tidjane LP BAH, professeur d’histoire-géographie au collège de Daro

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire