La fièvre hémorragique Ébola a fait de nombreuses
victimes en Guinée depuis janvier. Mais dans la région forestière, foyer de la
maladie, les populations semblent minimiser l’épidémie. A Macenta, Ébola, fait
l’objet de moquerie dans les écoles.
Nous sommes à
Daro, une sous-préfecture située à 12 kilomètres de la frontière libérienne. Au
collège de la localité, Ébola est au centre des discussions. Abdoulaye Keita
fait la 9eme année, il souligne que la fièvre virale qui a créé la peur chez
les guinéens, est un simple montage des occidentaux qui cherchent à imposer leur
culture dans cette partie sud du pays. Pour un des professeurs de physique,
Ebola n’existe que dans les esprits et dans les médias.
On
s’interroge d’ailleurs sur certaines informations faisant état de manque de
vaccin efficace contre Ébola et pourtant, les spécialistes annoncent
curieusement qu’il y a des cas de guérison, affirme un autre. Pour se moquer de ce mal qui provient des
animaux de brousse, les élèves de Daro n’hésitent pas à se faire appeler Ebola,
qui devient un surnom porté par eux.
A la direction préfectorale de Macenta, nous assistons à
un débat entre enseignants. Bon nombre d’intervenants soutiennent mordicus qu’il
ne s’agit que d’une invention. Toutes fois, un professeur venu de Guéckédou,
autre ville affectée par la maladie, annonce que badiner avec Ebola est une
grave erreur. Il explique que l’utilisation du chlore et le lavage des mains
sont devenues des pratiques régulières dans les établissements scolaires de sa
préfecture d’origine.
Madame Toupou Pierrette, directrice préfectorale de
l’éducation fait partie des personnes qui estiment qu’il faut faire attention à
cette maladie pour éviter sa propagation. Elle a carrément refusé de nous
serrer la main par précaution.
L’’’Ébola phobie’’ qui règne à Macenta s’expliquerait par
le manque d’information sur ce phénomène. Il n’y a presque pas de
communication, les autorités gardent le mutisme, les citoyens qui n’ont que la
radio rurale et les radios étrangères qui émettent sur onde courte se fient aux
rumeurs. MSF, médecin sans frontière a distribué récemment des documents dans
les écoles mais aussi au reste de la population. L’organisation explique les
modes de contamination et les précautions à prendre. Depuis lors, on assiste à
un léger changement de mentalité. Cette sensibilisation intervient après le
saccage des locaux de l’ONG par des jeunes en colère qui pensent que MSF est
responsable de tout le bruit autour d’Ébola.
Pour l’instant, officiellement, aucun enseignant, élève,
étudiants ou encadreur d’école n’a été touché par le très redouté Ébola.
Ahmed Tidjane LP BAH, professeur d’histoire-géographie
au collège de Daro
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