lundi 25 février 2013

Enseignement supérieur : Colère des enseignants homologues

C'est le 14 janvier que le mouvement des enseignants homologues a lancé un préavis de grève. La menace a été mise à exécution le  4 février.  Une grève illimitée, sans service minimum a été lancée à l'expiration du délai. Ils sont 600 à se retrouver dans cette situation. Selon Joseph Tolno, coordinateur national des enseignants homologues de Guinée, c'est en 2006 au temps du ministre Ahmed Tidjane Souaré que le gouvernement a décidé de prendre au sérieux leur affaire. C'est ainsi que l'arrêté 5.163 a été signé. Il précisait les conditions de recrutement des homologues. Le document stipulait que la durée de l'homologation ne devait pas dépasser trois ans. Pourtant, certains de ces hommes de craie disent avoir passés 4, voir 5 ans dans cet état.

On accuse les autorités de n'avoir pas tenues leurs engagements. Morikè Damaro Camara, prédécesseur de l'actuel ministre de l'enseignement supérieur aurait pourtant promis de s'atteler à ce que cette situation soit réglée. A ce niveau, il convient de noter que 450 enseignants devaient être pris en charge. Les négociations entre Damaro et les homologues prévoyaient un engagement par tranche. 150 homologues devaient être intégrés dans la fonction publique en févier 2012, une deuxième tranche de 150 devait suivre pour avril et enfin une troisième pour septembre  de la même année. Il n'y a eu que le premier groupe de février qui a été engagé.  Aujourd'hui, l'effectif s'accroit et a atteint 600.
Pire, ces enseignants soutiennent qu'ils touchent une prime de 400.000FG. Une somme dérisoire qui est au dessous du SMIG et qui est payée par trimestre.
Joseph Tolno accuse également certains responsables d'universités de proférer des menaces à l'encontre des enseignants. Il cite Dr Binko Mady Touré directeur du centre universitaire de Nzérékoré. Il est reproché à Dr Touré d'avoir renvoyé 11 homologues grévistes en 2012.  Le directeur du centre universitaire de Kindia et certains recteurs de Conakry sont aussi pointés du doigt.  Interrogé, Dr Binko Touré s'est dit étonné d'apprendre que ces enseignants soient en grève. Il a  nié également avoir proféré des menaces contre ces derniers. Sur place à Nzérékoré, nous avons contactés, M. Léno Tamba qui dispense des cours d'éducation environnementale. Ce dernier a plutôt  confirmé le début du mouvement dans la capitale de la région forestière estimant qu'il serait suivi à 60%. A Nzérékoré, il y a une soixantaine d'enseignants homologues selon notre interlocuteur. A Labé, un enseignant que nous avons joins nous a affirmé que les 75 homologues du centre universitaire de Labé ont eux aussi cessé les cours le 4 février. Notre source a ajouté que trois départements ont été paralysés par la grève. Dans ces départements, il n'y aurait que des homologues qui enseignent. En outre, des jeunes étudiants de l'intérieur du pays nous ont confirmé le respect du mot d'ordre de grève par leurs professeurs.
Sur les conditions de vie de ces enseignants, M. Diaby a indiqué que lui et ses collègues vivent de crédits.  Le coordinateur national a par ailleurs exprimé sa déception par rapport à la réaction des autorités du ministère de l'enseignement supérieur.  Il parle de banalisation de l'affaire.
L'actuel ministre Bailo Teliwel Diallo a reçu un groupe des mécontents bien avant le déclenchement du mouvement de grève. Il a exhorté les meneurs de continuer à dispenser les cours dans les différentes universités du pays. Le 8 février, les autorités du ministère de l'enseignement supérieur sont enfin sorties de leur silence. Pr Abdoulaye Diakité, secrétaire général du département a remis en cause le statut de ces enseignants. Pour lui, ces derniers ne sont pas des homologues mais des contractuels si en tout cas on se réfère au décret 176. Il n'y a plus d'homologues depuis 1989, a ajouté Pr Diakité. Selon lui, ils devraient être des assistants, mais là aussi, Pr Diakité parle de complication. Il affirme que pour être assistant, il faut avoir le doctorat. Des contractuels qui ont beaucoup plus besoin de formation que de donner de la formation.
Sur l'impact d'un tel mouvement sur le déroulement des cours dans les universités, M. Tolno est catégorique '' les 90% des cours dispensés dans nos institutions d'enseignement supérieur, ce sont les homologues qui les tiennent.  Si les homologues décident d'aller en grève, ce sont les universités qui seront totalement paralyser.'' 
Mamadou Samba Sow

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