Albert Damantang Camara, ministre de l’emploi, de l’enseignement
technique et de la formation professionnelle
Monsieur
le Ministre, vous êtes l’un des porte-étendards de la jeunesse, depuis votre
arrivée dans ce département quelles sont les innovations que vous avez
apportées ?
Damantang
Camara : Je voudrais d’abord rappeler que le secteur de la formation
technique et professionnelle constitue un levier incontournable pour le développement
socio-économique d’une Nation, particulièrement d’un pays sous développé. A ce
titre il a toujours figuré parmi les préoccupations des différents régimes qui
se sont succédés en Guinée, avec malheureusement, des fortunes diverses.
C’est
à partir de 1996, que la 2ème République a ressuscité le secteur en
créant le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle qui constitue un des meilleurs moyens de lutte contre le
chômage, donc de lutte contre la pauvreté. Cette approche a été davantage
renforcée par la 3ème République, qui, tenant compte de l’importance
des enjeux qui se dessinent pour les prochaines années, notamment dans les
secteurs de l’agriculture, des mines, de l’industrie, y a adjoint l’emploi.
En prenant donc en charge cet important secteur, et aux fins d’une
bonne appropriation de ses problèmes, j’ai d’abord effectué un périple dans
toutes les institutions de formation technique et professionnelle du pays.
Cette opération a permis de faire un exhaustif état des lieux qui a débouché
sur quelques innovations : La restructuration du Ministère par la
création, entre autres, des Directions régionales de l’emploi, de
l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle dans les Chefs
lieux de Gouvernorat afin de permettre, d’une part de rapprocher davantage le
Ministère du public cible que constituent les élèves et les parents d’élèves,
et d’autre part de faire la promotion de cet important secteur d’enseignement,
porteur d’emplois pour la jeunesse, auprès des populations. L’évaluation des
besoins de main d’œuvre du secteur minier et industriel, grâce aux
concertations entre les différents acteurs publics et privés du secteur des
mines dans le cadre du partenariat public/privé. Cette opération a permis
d’évaluer les besoins potentiels en main d’œuvre à 52 000 personnes pour
la construction pendant 6 ans.
La Mise en place de nouveaux dispositifs de formation sur
financement de l’AFD qui a permis une étude de faisabilité des dispositifs
de formation technique en appui au
développement du secteur industriel et minier en Guinée, et un montage
opérationnel de partenariat public/privé, appelé Projet FORMINES qui a rompu
avec l’absence d’une politique d’implication d’autres partenaires sociaux, tel
le secteur privé dans le financement de l’enseignement professionnel.
L’organisation des Salons de l'emploi en partenariat avec le Ministère de
la Jeunesse et de l’Emploi Jeunes et le Forum des Jeunes de Guinée (FOJEG) à
N’Nzérékoré, Kankan, Labé, Boké et Conakry. Ces Salons qui ont mobilisé
industriels et miniers, futurs pourvoyeurs d’emplois, ont abouti, entres
autres, au montage d’un projet de réalisation de 21 maisons de l’emploi comme
centres d’information sur le marché de l’emploi pour les entreprises et les
demandeurs d’emploi.
L’organisation de la Table
Ronde sur ‘’l'enseignement technique et la formation professionnelle, au
service de l'emploi et du développement’’, du 08 au 10 juin 2011 sous la
haute présidence du Chef de l’État, qui a adopté une nouvelle Lettre de
politique de développement de l'Emploi, de l'Enseignement Technique et de la
formation Professionnelle contenant de nouveaux objectifs stratégiques,
davantage adaptés aux réalités spécifiques de chaque localité de notre pays, et
aux besoins des partenaires sociaux et des entreprises.
L’extension
du Dispositif Post primaire (Formation de courte durée) qui, à moyen
et long termes; va créer des filières de formation professionnelle de courte
durée visant l’insertion professionnelle de 20% des sortants du primaire
n’intégrant pas le collège en 2015 et 30% des sortants du collège n’intégrant
pas le lycée en 2015.
Est-ce
que nos écoles professionnelles sont en adéquation avec la réalité du marché de
l’emploi ?
Le Département de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la
formation Professionnelle développe 70 filières dans 46 corps de métier au niveau de ses 105
institutions de formation publiques et privées, pour les secteurs primaire,
secondaire et tertiaire. Mais avec l’émergence de nouveaux corps de métier,
notamment dans les mines, l’industrie, les nouvelles technologies de
l’information et de la communication…, il y a malheureusement inadéquation avec
la réalité du marché de l’emploi. C’est pourquoi, le secteur de l’Emploi, de
l’Enseignement Technique et de la formation Professionnelle se doit avant tout,
de définir et mettre en place une véritable politique de formation de
ressources humaines, en rapport avec les besoins du marché de l’emploi, en
tenant compte de l'émergence de nouveaux emplois liés au développement des
secteurs prioritaires du Gouvernement notamment les secteurs agricole, minier
et industriel.
Avez-vous
une idée de la statistique en matière de l’employabilité depuis votre
arrivée ?
Pour augmenter le taux d’employabilité en Guinée, le Ministère de
l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, à
travers sa structure spécialisée qu’est l’Agence guinéenne pour la promotion de
l’emploi (AGUIPE), a pour autres missions , de créer les meilleures conditions
favorables aux demandeurs d’emploi. Conséquemment, ce sont des milliers de
jeunes primo demandeurs d’emploi qui viennent s’inscrire aujourd’hui à
l’AGUIPE, pour bénéficier de ses conseils, avis et soutiens. C’est ainsi que
plus de 500 jeunes cadres financiers recrutés par l’AGUIPE ont été formés aux
techniques administratives et financières par le CNPG. Dans le même temps, plus
de 2000 jeunes primo-demandeurs d’emploi ont été initiés à l’informatique et
aux techniques de recherche d’emploi. A ce jour, ce sont 13500 demandeurs
d’emploi qui sont inscrits à l’AGUIPE.
Comment
comptez-vous qualifier la formation professionnelle ?
La déclaration solennelle du Président de la République, à
l’occasion de la Table ronde sur l’EET-FP (8-10/6/2011), faisant du secteur de
l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, sa
deuxième priorité après l’éducation de base, constitue déjà un véritable
tremplin devant assurer la qualification de la formation professionnelle et
technique. Dans la foulée, j’ai engagé une série d’opérations de lobbying, à travers de nombreux contacts avec des
partenaires techniques et financiers (institutions internationales et
représentants de pays amis, etc.), les représentants et responsables des
sociétés minières, et la Chambre des mines, pour présenter et vendre le projet
Formines qui prévoit, entre autres : de mettre en place des dispositifs
qui permettront d'améliorer le niveau de financement du secteur, grâce à une
meilleure implication de tous les acteurs et partenaires nationaux et
étrangers, de construire un
véritable partenariat, entre d'une part les intervenants et les acteurs du secteur, à savoir les élèves, les
parents d'élèves, la communauté locale et les
employeurs, et d'autre part le Gouvernement et ses principaux
partenaires techniques et financiers, promouvoir
une meilleure gouvernance et un pilotage du système à travers le renforcement
des capacités institutionnelles, humaines et une gestion axée sur les
résultats, de prévoir la mise en place d’un dispositif de formation technique
et professionnelle solide et de qualité, basé essentiellement sur l’approche
par compétence (APC), en vue de donner le maximum d’habiletés à nos apprenants
favorisant ainsi leur future insertion socioprofessionnelle.
Toutes ces dispositions permettront la qualification de la
formation des formateurs, la mise à disposition des institutions de formation
des équipements conséquents et des matières d’œuvre et déboucher conséquemment
sur la qualification de la formation technique et professionnelle.
Quelles
vos axes prioritaires ?
Le
gouvernement, pleinement conscient du fait qu’une bonne formation
professionnelle et technique donnée aux jeunes leur permet à coup sûr de
s’insérer dans la vie active, a lancé une vaste opération de développement du
secteur, en offrant aux jeunes scolarisés, déscolarisés et non scolarisés des
opportunités de s’orienter plus facilement vers ce secteur. Cette opération, à
terme, permettra de renverser la pyramide professionnelle en faveur des cadres moyens
qui constituent les véritables acteurs de la construction d’un pays
Aussi,
la redynamisation de l’emploi, de l’enseignement technique et de la formation
professionnelle qui est incontournable, est ainsi tributaire de la réalisation
de certains axes prioritaires que sont : le marketing et le
partenariat ; le développement des programmes et filières de
formation ; la construction des infrastructures et la mise à disposition
des équipements et des matières d’œuvre idoines ; la formation des
personnels enseignants et non enseignants, eu égard au vieillissement dans le
secteur ; la formation et l’insertion professionnelle des
apprenants ; le renforcement des capacités institutionnelles et
organisationnelles ; la promotion de l’enseignement technique et professionnel
privé ; l’appui au secteur informel et la modernisation de
l’apprentissage.
Quelles
sont vos perspectives ?
La
mission première confiée au Département de l’Emploi, l’Enseignement technique
et de la Formation Professionnelle par le Président de la République, est
d’assurer la formation technique et professionnelle du jeune guinéen afin de
lui permettre une rapide et efficace insertion socioprofessionnelle. Pour
atteindre cet objectif qui participe à la réduction du taux de chômage chez les
jeunes, le Ministère, entre autres : Continuera
d’animer le lobbying qu’il a engagé au niveau des bailleurs de fonds intérieurs
et extérieurs, avec l’appui du Ministère de la Coopération, aux fins d’amener
les partenaires techniques et financiers à construire, rénover et équiper des
infrastructures, réviser et implanter de nouveaux programmes avec des contenus
de formation plus porteurs, mieux adaptés aux réalités économiques de nos
régions et davantage tournés vers les nouvelles technologies, développera le partenariat avec les
institutions et ONG nationales, à l’image des accords de partenariat signés
avec le Comité Miss Guinée (COMIGUI) et le Forum des Educatrices de Guinée
(FEG-FAWE) pour inciter les jeunes filles/femmes à s’orienter vers l’EET-FP, afin d’augmenter ses capacités d’accueil, a
réactualisé l’étude de faisabilité réalisée par SONED Afrique pour permettre la
construction et l’équipement de huit (8) Ecoles régionales des Arts et métiers
(ERAM) au niveau de Conakry et des 7 Gouvernorats de l’intérieur, et poursuivra
les démarches engagées auprès des autorités compétentes pour la construction
d’amphithéâtres au niveau de huit (8)
grands Centres de Formation Professionnelle
Votre
dernier mot ?
D’abord
rappeler aux jeunes que le secteur de l’enseignement technique et de la
formation professionnelle, étant une solution idoine pour réduire le chômage et
la pauvreté en Guinée, il constitue conséquemment un véritable tremplin du
développement socio-économique de la Guinée, et surtout un meilleur vecteur
d’insertion socioprofessionnelle de la jeunesse. On ne décrète pas l’emploi, on accroit
l’employabilité en donnant des compétences requises aux jeunes dans les
institutions de formation technique et professionnelle, pour qu’ils se vendent
sur le marché de l’emploi. Enfin, et c’est l’évidence même, le jeune inscrit et
formé à l’enseignement technique et professionnel est sûr d’être utile à
lui-même, à sa communauté et au pays entier.
Source : GBENGBETA’’
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